L'infidélité
Extrait d'une émission de radio animée par Mme Darve
L’INFIDELITE
“Tu ne commettras pas l’adultère” est un des dix commandements reçus par Moïse . Jésus a dit : “Celui qui convoite une femme seulement du regard, a déjà commis l’adultère avec elle dans son cœur".
Notons que selon cette morale, l’adultère du mari devient aussi répréhensible que celui de la femme, ce qui, dans les faits, n’était pas souvent le cas. C’est l'alliance entre Dieu et l'humanité, ainsi l’union entre deux individus est sacrée. Le couple est la base de l’idéal social. L’infidélité est donc brimée par la norme ou la morale.
Le sentiment amoureux dans le couple est une notion récente
Autrefois, les critères de fondation d’un couple étaient essentiellement économiques (organisation de la société, transmission du patrimoine),
Au début du XX siècle, le sentiment amoureux entre les deux partenaires devient l’un des critères du couple.
Approche psychologique de la fidélité
Cette recherche de l’amour est souvent prise inconsciemment dans un schéma œdipien. L’homme ou la femme va notamment quérir, inconsciemment, un compagnon ou une compagne qui possède un ou plusieurs traits en rapport avec l’image de la mère ou du père. Le sentiment amoureux nous place donc dans le risque imaginaire d’une relation incestueuse.
Pour l’homme : mise en place d’un clivage entre la maman (sa compagne) et la putain (sa maîtresse). C’est ainsi que certains hommes ne peuvent avoir une relation sexuelle réellement satisfaisante que dans les bras d’une maîtresse.
Pour la femme : cela peut aussi passer par un clivage équivalent père/amant à cause du risque imaginaire d’une relation incestueuse, comme pour l’homme.
Mais elle peut également séparer de manière consciente la fonction maternelle et le plaisir : sachant qu’elle joue le rôle de la mère pour son partenaire, elle choisit d’être femme dans le plaisir érotique avec un amant.
Bases de la fidélité dans l’enfance
L’instinct d’attachement à rapprocher du besoin d’être relié l’un à l’autre, et à la pulsion d’agrippement que nous connaissons chez les animaux.
Bases de la fidélité à l’âge adulte
Un besoin irrésistible de contacts : physique, affectif, sexuel, psychique et spirituel. Mais aussi au besoin de sécurité et d’accomplissement qui aboutit au rêve de l’amour, amour qui peut conduire à la spiritualité, spiritualité qui inspire la fidélité.
La fidélité, comportement naturel ? Inné ou acquis ?
Dans le règne animal, généralement, la pratique de l’amour libre l’emporte. Les mâles et les femelles de nombreuses espèces multiplient les “partenaires”. C’est souvent le passage obligé pour augmenter les chances de reproduction et la survie de l’espèce.
L’organisation de type « harem », un mâle entouré de plusieurs femelles, est également courante dans la nature. “On retrouve ce type de schéma chez les gorilles, avec un mâle dominant. La fidélité des femelles y est entière puisque que le mâle est seul.
Cependant, on peut observer des disparités chez certains animaux
Les couples de loups font ainsi preuve d’une fidélité absolue et s’accouplent pour la vie.
Chez les manchots empereurs, la monogamie est la règle d'or. Les mâles couvent les œufs
Le castor est fidèle à vie. A tel point que si le mâle est stérile, sa compagne ne procréera jamais. Les cigognes et les cygnes seraient fidèles et beaucoup d’oiseaux.
Chez les primates, les gibbons seraient monogames.
Egypte ancienne les femmes infidèles étaient punies de mort par noyade,
Selon les lois assyriennes, le mari avait le choix : tuer immédiatement les coupables,
Les Hébreux punissaient la femme adultère (avec ou sans preuve), seule ou avec son amant, par lapidation.
Chez les Grecs, dans certaines cités, le mari tuait les coupables ou demander une indemnité. A Athènes, seule la femme était réprimée, répudiée par son mari et mise au ban de la société.
A Rome, beaucoup de citoyens vivent avec une esclave qu'ils affranchissent : Divorces et répudiations vont bon train. La femme infidèle pouvait être mise à mort par le mari.
La loi et l’infidélité en France
Autrefois l’infidélité féminine était un délit en toute circonstance. l’épouse adultère était soumise au fouet puis enfermée dans un couvent. L’amant fouetté risquait la mort, les galères ou le bannissement. Raison officielle : l’infidélité féminine brouillait la filiation = le sang (la lignée) était souillé. Mais il y avait une raison moins noble: la femme était la propriété de l'homme.
L’infidélité masculine ne l’était qu’au domicile conjugal, le mari adultère n’était pas réprimé pénalement !
Puis le code napoléonien adoucit l’inégalité des sexes : Le mari risque une amende, tandis que la femme et son “complice” encourent la prison. L'adultère est donc une infraction punie par le Code pénal, jusqu'en 1975.
Depuis la loi de 1975 , les époux se doivent toujours fidélité (article 212 de notre Code Civil, l'adultère reste une faute). Les époux adultères sont maintenant égaux devant la loi, au profit des séparations amiables. Depuis les femmes n'ont plus peur d'être répudiées, elles ont conquis les mêmes droits que les hommes : le droit de travailler, de voter et le droit au plaisir. Le sexe a pris le pouvoir, dans le couple.
Depuis la loi du 3 décembre 2001 Les enfants nés d'une liaison extraconjugale bénéficient de la même part d'héritage que celle des enfants légitimes - naturels ou adoptés.
Il y a deux sortes d'infidélité :
L’accident de parcours
La liaison installée
Les hommes et les femmes sont-ils différents face à l’infidélité ?
En 2001, 24% des femmes étaient infidèles (10 % en 91) et 20 % des femmes fidèles n’excluaient pas la possibilité d’une aventure… alors que 39 % des hommes avouaient être infidèles.
Les femmes :
L’autonomie sexuelle des femmes dépend beaucoup de leur autonomie financière.
Elles ont aussi bien souvent besoin d'aimer et d'être aimées pour faire l'amour.
Les femmes, cherchent autant le plaisir charnel qu'une écoute et un regard attentif.
Le regard des femmes à l’égard de l’infidélité féminine a beaucoup changé. En 1999, 38 % d’entre elles ne trouvaient plus choquant qu’une femme "trompe" son conjoint (liaison durable ou amants occasionnels).
Elles cèdent plus facilement au Prince charmant.
Encouragées par la vengeance : un mari trompeur devient parfois, un mari trompé.
Avoir un amant, c’est faire les quatre cent coups, retrouver l’adolescence,
Pour se sentir vivante et sexy dans les bras d’un amant qui fait rire, enfin !
Comme elles s’impliquent davantage dans une aventure extraconjugale. L’infidélité les amène à s’interroger sur le sens du bonheur... Elles sont parfois tentées de tout remettre en cause,
La femme a besoin d’être rassurée sur son charme
Les hommes
Semblent avoir plus de facilités à différencier sexualité et sentiments.
Certains spécialistes soutiennent la théorie du gène : l’homme aurait un besoin inné de disséminer son patrimoine génétique.
Les hommes, ont besoin d’être rassurés sur leurs performances sexuelles pour se sentit exister
L’homme a besoin d’être perpétuellement rassuré dans sa singularité. Se sent aimé quand cette femme le regarde comme quelqu’un d’unique et de particulier.
La testostérone, commande le désir et le renouvelle sans cesse. Au moment de sa sécrétion par les testicules (plusieurs fois par jour), l’homme se sent animé d’une pulsion à laquelle il "doit" répondre pour accéder à un bon équilibre physique et psychologique.
Le véritable Casanova ne désire pas vraiment la femme, il veut juste être désiré par la femme, il ne veut pas aimer. Anxieux sur ses capacités à être aimé, il ne se met jamais à la place de l'autre.
L’infidélité naîtrait souvent, en même temps que la paternité : lorsque la femme devient mère, elle ne s’intéresse plus qu’à son bébé, et en "oublie" son conjoint.
S’il a été amené à douter de l’amour maternel, il doutera, plus tard de l’amour de sa partenaire quotidienne. il n’aura alors même pas le sentiment de la tromper. Comment pourrait-il, en effet, se vivre comme infidèle, alors qu’il n’a pas l’impression d’être réellement désiré ?
Amour et sexe sont souvent dissociés chez l’homme, « la madone et la putain »
Pour aimer, il lui faut élever la personne qu’il a en face de lui, mais pour la désirer sexuellement, parfois il peut avoir besoin de la rabaisser au rang d’objet.
Le Démon de midi
Le "démon de midi" s’empare d’hommes et de femmes au milieu de leur vie, à l’heure où le compte à rebours a commencé.
Les quinquagénaires H et F sont de plus en plus nombreux à être possédés par ce démon-là
Le divorce de ces quinquagénaires a presque doublé en dix ans.
Pourquoi certains hommes fréquentent-ils les prostituées ?
Les messieurs fréquentaient les bordels dit on en raison des réticences de leurs compagnes à se prêter à certaines caresses. C’est de moins en moins vrai. Ainsi, ces hommes protègent la prétendue pureté de leur maman (et de son substitut, la compagne qu’ils rendent mère), encore mieux qu’avec une maîtresse. Sans se sentir en dette, la rémunération de la dame autorise, des fantasmes inavouables et à tout lui demander – y compris de la tendresse – sans culpabilité. Avec une prostituée, un homme n’a pas besoin de faire des efforts ni de séduire, C’est une dissociation totale entre le sexe et le relationnel. »
La polygamie de nos jours
En 1985 à Singapour, le Premier ministre encourageait la polygamie, afin d’augmenter le nombre de naissances. Dans certains pays d’Afrique, la polygamie est à la fois un signe extérieur de richesse, et le symbole de la puissance sexuelle. L’Islam permet à l’homme d’avoir jusqu’à quatre épouses et des concubines. Mais, comme dans les sociétés judéo-chrétiennes, les sociétés musulmanes sont très rigoureuses face à l’infidélité conjugale de la femme. Depuis la prise de pouvoir par les Talibans, tout dévoilement public d’une partie de son corps par la femme est assimilé à de l’infidélité et puni de mort…
Où commence l’infidélité ?
Au moment où l’on passe à l’acte ? Ou bien au moment où l’on est attiré par une autre personne ?
Qui se dit fidèle ne prétend pas qu’il n’a pas eu de tentations, mais qu’il y a résisté.
A quoi donc a-t-il été fidèle ? A son partenaire ? A son sens de la morale ?
L’échangisme accorde les corps et se joue des sentiments. Pratiqué en couple selon des règles strictes, il a finalement peu de rapport avec l’infidélité
Conclusion : Parler de l’infidélité, oblige à définir la fidélité. Cette notion est différente selon l’histoire psychique de chacun et la culture dans laquelle nous vivons. Notre culture judéo-chrétienne est marquée par les valeurs religieuses et morales.